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L'axe PASS : Politiques, actions sociales et solidarités

Le champ de l’intervention sociale connaît des mutations profondes qui affectent autant les métiers du social que la rationalité des politiques publiques, aux niveaux national et international, mais proviennent aussi d’interventions citoyennes ou de nouveaux acteurs sociaux. Plutôt que d’analyser indépendamment ces transformations, l’axe Politiques, Actions Sociales et Solidarités (PASS) se propose de les appréhender ensemble, pour rendre compte de l’interdépendance croissante entre les trois catégories d’acteurs : acteurs publics, professionnels et citoyens. Nous nous efforçons de penser les interrelations entre trois dimensions : l’étude des politiques sociales, de leur conception à leur mise en œuvre et leurs réceptions, de l’échelon international à l’échelon local ; la recherche sur les métiers et les publics de l’intervention sociale ; l’exploration des actions citoyennes, bénévoles ou militantes dans le champ du social. La fabrique de l’action sociale et des solidarités est ainsi appréhendée comme un processus multi-niveaux, où chaque catégorie d’acteurs participe à l’émergence et la transformation des catégorisations, des conceptualisations des problèmes publics, mais aussi des protections sociales, des étayages collectifs et des droits sociaux.

Dans cet effort, une attention particulière est portée à des expérimentations qui contribuent à inventer – ou ré-inventer – en les combinant à des degrés divers, des formes de coopération au travail et des modalités de protection sociale. Les hackerspaces, fablabs, makerspaces, squats, tiers-lieux, entreprises sociales et associations de l’économie sociale et solidaires sont par exemple investigués, afin d’interroger quels groupes sociaux portent ces expérimentations, dans quel héritage ils s'inscrivent, de quels imaginaires ils sont porteurs et dans quelle mesure, in fine, ils parviennent à faire bouger les institutions, au niveau du droit, des usages, des catégories. L’intérêt est également porté à la manière dont, à chaque échelle de la mise en œuvre de l’action publique et des dispositifs d’intervention sociale, les droits sociaux sont interprétés, voire requalifiés par les acteurs. L’axe PASS s’intéresse notamment aux processus de cohérence et décohérence des normes familiales, et plus largement des normes de parentalité, d’autonomie, de travail et d’emploi, d’insertion, de coopération, etc. L’étude des dispositifs d’intervention sociale notamment permet de saisir comment professionnels et destinataires s’approprient diversement les dispositifs, y adhèrent ou les refusent dans des contextes plus ou moins conflictuels, reconfigurant in fine les normativités. Les régulations normatives de la famille semblent, de nos jours, plus que jamais instables, temporaires, plurielles, contradictoires voire conflictuelles ; pour autant les normes persistent, évoluent ou s’inventent, en lien avec les professionnels du travail social et de la petite enfance. Certains publics, parce qu’ils se tiennent dans les marges de l’intervention sociale ou sont particulièrement vulnérables (comme les personnes sans domicile ou les femmes victimes de violence conjugale) questionnent les dispositifs, posent la question des protections sociales alternatives et des invisibilités sociales.

Depuis une trentaine d’année, les référentiels de l’action sociale se renouvellent, au travers de mouvements tels que l’individualisation des droits, le développement des magistratures sociales, l’appel à la participation de l’usager, au développement social, à l’empowerment des citoyens. L’axe PASS cherche à appréhender quels sont les acteurs qui portent ces nouveaux référentiels, quelles en sont les diverses interprétations, quels effets ils produisent, dans quelles circulations – souvent internationales – ils s’inscrivent. La promotion de l’expérimentation, de la participation, de la co-construction des décisions sont par exemple saisis dans leurs différents contextes de mise en œuvre, depuis leur institutionnalisation dans les politiques sociales dans un contexte de rationalisation budgétaire, jusqu’aux revendications associatives et militantes en faveur de la citoyenneté, de la reconnaissance des savoirs d’usage et d’expérience. L’échelon territorial est ici saisi comme un niveau pertinent d’analyse, en ce qu’il constitue un niveau d’intervention publique mais aussi de fabrique de l’action sociale et de mobilisation des publics. Autre exemple, les nouvelles modalités organisationnelles de l’action sociale que sont les réseaux et plateformes de coordination. Liées au développement du numérique (data, gestion rationalisée des informations sur les publics, des offres et demandes sur un territoire, etc.) mais aussi à la multiplication des dispositifs et à l’objectif de transversalité dans les politiques sociale, elles mettent en jeu, notamment, des modalités de collaboration entre des acteurs associatifs et publics, de professions et de champs distincts. L’axe PASS s’intéresse également à la manière dont, dans ces nouveaux référentiels, se redessinent les frontières des solidarités et se reconfigurent les relations entre acteurs. Ainsi, la reconnaissance et l’enrôlement des personnes et des proches dans le travail de care, au travers par exemple de la participation des usagers ou de la rémunération des proches aidants, posent la question de la redéfinition des frontières du travail de care entre famille et Etat social, mais aussi entre travail et emploi, entre domestique et public, entre intime et acte de soin.

Un exemple de thématique de recherche fédératrice au sein de l'axe PASS

Différents travaux de l’axe portent sur les enjeux de redéfinition de la parentalité et illustrent notre engagement de recherche dans des travaux qui articulent des analyses « de terrain » et l’étude des transformations des cadres de l'action publique. Au-delà des réflexions sociétales sur les parentalités émergentes (familles monoparentales, recomposées, homoparentalité, etc.), des débats s'engagent aujourd'hui sur les nouveaux modes d'exercice de la parentalité, leurs conséquences sur les dynamiques de socialisation et surtout leurs interactions avec les injonctions institutionnelles.