Sebastián Pizarro

Soutenance de thèse de Doctorat

11 octobre 2022
14h

La soutenance aura lieu le mardi 11/10/2022 à 14h00 au Conservatoire national des Arts et Métiers

Cnam, 292, rue Saint-Martin

Salle 17.2.20 Abbé-Grégoire (accès 16, niveau 2)

Paris 3ème


Thèse pour l’obtention du doctorat en sociologie, présentée par Mr Sebastián Pizarro

Titre :

Le régime de reproduction à l'épreuve du principe d'égalité : 

la face cachée de l'iceberg

Le jury sera composé de : 

  • Mme Chantal NICOLE-DRANCOURT, Directrice de recherches au CNRS (Directrice de thèse)
  • M. Bernard FUSULIER, Professeur, Université catholique de Louvain, Directeur de recherches du Fonds de la recherche scientifique (FNRS) (Rapporteur) 
  • Mme Catherine DELCROIX, Professeure, Université de Strasbourg (Rapporteure)
  • M. Michel LALLEMENT, Professeur, Conservatoire national des arts et métiers   
  • Mme Hakima MOUNIR, Maîtresse de conférences, Université Paris-Est Créteil

    La discussion sera suivie d'un pot au Salon d'honneur. N'hésitez pas à écrire à ce mail si vous souhaitez y participer.

 

Résumé de la thèse

La production que nous tenons encore pour « première », à savoir la production des choses, cache un immense ensemble d’activités liées à la production anthroponomique, à savoir la production de la vie. Daniel Bertaux, théoricien de cette économie, a longtemps travaillé sur l’évolution de la prise en charge de ces activités qui se partage au fil du temps entre des « formes institutionnalisées » (qui assument une partie de la production dans des logiques marchandes, publiques ou associatives) et les familles (qui, dans des logiques informelles, assument le « reste à faire »). Notre travail de thèse s’intéresse à cet objet de recherche qui, en France et en dépit de l’actualité qu’il soulève, ne tient plus la place qu’il tenait auparavant. Dans ce cadre, notre question de recherche part de constats paradoxaux : la réorganisation profonde des modes de vie et de travail liée au développement des sociétés salariales modernes aboutit aujourd’hui à une grande sophistication du contenu des activités anthroponomiques et de sa prise en charge qui évolue de la norme du « faire soi-même » vers celle du « faire-faire » ; cela dit, en dépit du processus sans précédent de socialisation de ces activités et du développement de mesures pensées comme « universelles » et « women friendly » encourageant au partage des tâches entre hommes et femmes, on constate à la fois la persistance d’un « reste à faire » considérable dans les familles et d’une division sexuée et très inégalitaire des tâches où les femmes et les mères sont les grandes perdantes. Pour questionner ces paradoxes, nous avons mobilisé une panoplie d’outils méthodologiques. Parmi eux, nous avons fait appel à la notion de régime de reproduction, un outil théorique que nous avons construit pour rendre compte de l’organisation historiquement située des modes de prise en charge de la production anthroponomique. Par ailleurs, l’observation a ciblé trois politiques-phare du « faire-faire » du régime de production contemporain (les politiques socio-fiscales d’incitation pour l’emploi familial, la Prestation d’accueil du jeune enfant, la Stratégie nationale de soutien à la parentalité). Ainsi outillés, et à travers l’observation de ce qui se passe dans les familles, nous avons cherché à rendre compte de la capacité réelle du régime de reproduction français contemporain à assurer l’évolution de son référentiel vers le « faire-faire », à promettre l’universalité de son soutien à la conciliation Travail/Famille, à renverser l’assignation prioritaire des mères aux activités reproductives et à soulager les familles d’un « reste à faire » non soutenable. Nous avons conclu que, tant que le régime de reproduction ne revient pas sur les fondements de la division sociale et sexuée du travail des sociétés salariales de première modernité et tant qu’il ne tient pas compte des capabilités des familles à s’emparer des ressources à disposition, toute politique, mesure ou dispositif « neutre » et progressiste dans sa mise en forme échouera dans ses conséquences transformatrices ou se perdra dans des dérives inégalitaires une fois inscrits et mis en œuvre dans les rapports sociaux de classe, de sexe et de communautés des sociétés contemporaines.
Mots-clés : régime, politiques publiques, genre, classe sociale, identités culturelles, travail domestique.