Journée d’étude de l’Axe Travail du LISE

L’énigme du travail globalisé

29 mars 2024
9h30 - 16h

Salle 30, -1, 20 / Amphi Laussédat

La globalisation économique a engendré une circulation de marchandises, idées, capitaux, mais aussi de main-d’œuvre à l’échelle globale. Le travail s’est globalisé à partir de mobilités de travailleur·ses comme de pratiques de travail, qui circulent, se mélangent voire se juxtaposent au sein d’espaces sociaux et économiques locaux, régionaux et globaux. Cette globalisation du travail – qui a ses racines dans l’histoire de l’espace atlantique depuis le 15e siècle – s’est accompagnée de l’émergence d’une division globale du travail et de régimes de travail globalisés.

Cependant, la fabrique et la mise en place de pratiques de travail globalisées restent ancrées dans des contextes locaux voire micro-locaux, où des situations de travail localisées et globalisées se rencontrent, se mêlent, mais aussi se heurtent et entrent en compétition. Si ces connexions et circulations existent un peu partout, il importe de les qualifier en termes d’appropriation, de réception, de relations. En bref, il s’agit de rendre compte des contextes qui les produisent. C’est ainsi que les catégories surplombantes et occidentales des approches globales (telle que le capitalisme, le salariat, la coercition, etc.) interagissent avec les catégories issues d’enquêtes situées qui donnent à voir la densité (sociale, économique, culturelle, politique, etc.) des connexions globales.

Appréhender le travail globalisé signifie, d’un point de vue heuristique, plusieurs choses : composer avec les échelles (locales, régionales, transnationales, globales) ; regarder de près des situations, espaces, expériences et pratiques à la fois localisées et globalisées ; poser la focale sur le fonctionnement de ce qu’on appelle les « régimes de travail globalisé ».

Nous proposons d’interroger les processus et les effets de la globalisation à partir des travailleur·ses mobiles, circulants et migrants, mais aussi des travailleur·ses localisé.e.s inséré.e.s dans des réseaux mondiaux de production. Quelle division globale du travail, quelles inégalités et hiérarchies ethno-raciales, professionnelles et de genre, quelles situations de coopération et de compétitions entre travailleurs et travailleuses peut-on observer, documenter, conceptualiser dans cette perspective ? Appréhender le binôme travail et globalisation donne aussi l’opportunité d’explorer de nouvelles approches méthodologiques : l’ethnographie multi-située, l’ethnographie globale, la micro-histoire globale, ainsi que les méthodes digitales.

Au cours de cette journée, nous proposons de mettre ces questions en discussion à partir de présentations de collègues d’autres laboratoires sur deux objets révélateurs : le travail post-esclavage et les migrants « engagés » (Céline Flory) et les marins de la marine marchande (Claire Flécher), et avant d’échanger sur les recherches en cours au sein du LISE. 

Pré-programme :

Matinée (9h30-12h30) : Approches du travail globalisé

  • Présentation de recherches achevées par deux collègues invités

Céline Flory, historienne, chargée de recherche au CNRS, CERMA (EHESS), auteur notamment du livre De l’esclavage à la Liberté Forcée. Histoire des travailleurs africains engagés dans la Caraïbe française du XIXe siècle (Karthala, 2015).

Claire Flécher, sociologue, maitresse de conférence à Lyon 2 (IETL, Centre Max Weberw) nous présentera sa recherche doctorale qui a donné lieu à l’ouvrage A bord des géants des mers. Ethnographie embarquée de la logistique globalisée (La Dispute, 2023).

  • Table ronde et discussion collective

Comment étudier et caractériser le travail globalisé ?

Déjeuner (réservé aux membres du Lise inscrit·es)

Après-midi (14h-16h)

Atelier

  • Présentation de recherches en cours ou en projet au sein du Lise
  • Discussion collective

L’inscription au déjeuner est obligatoire